Tout est lié. La phrase sonne légèrement « complotiste », ou tout du moins « confusionniste », mais quand on parle de salaire, de temps de travail et de cotisations, on parle de la même chose : Quelle part des profits produits par les travailleurs leur revient-elle, directement ou indirectement ? Plus concrètement, on va parler de nos RTT, de nos augmentations et de notre future convention collective.
Combien de RTT en 2023 ?
Si vous avez consulté vos compteurs de congés sur FORYOU récemment, rassurez-vous, vous aurez plus de 8 RTT. Ce chiffre absurdement bas vient d’un bug de l’outil, toujours pas corrigé depuis 1 an, qui empêche les gestionnaires de paie de positionner plus de 8 jours de RTT en début d’année. Ce doit être un outil de droite, il pense qu’on ne travaille pas assez…
Pourtant, le calcul est assez simple : en 2023, nous aurons 252 jours ouvrés auxquels il faut retrancher nos 25 jours de congés et nos 2 jours de fractionnement : on obtient alors 225 jours de présence. Or, les salariés au forfait jour travaillent 210 jours par an ! Nous aurons donc 15 RTT en 2023.
C’est l’occasion de reparler de cette base de 210 jours travaillés par an. Beaucoup de salariés avaient demandé à moduler individuellement leur temps de travail pour le passer à 214 jours (moyennant une augmentation de salaire) puis, éventuellement, de le repasser à 210 jours voire 206. Cette mesure était incluse dans l’accord Emploi/Croissance qui est arrivé à échéance au 31 mars 2022. Toutes les mesures qu’il contenait, la cotisation à 100% des salariés à temps partiel, le rachat de trimestres de retraites et cette augmentation consentie du temps de travail sont donc caduques. Malgré les demandes répétées des syndicats, l’accord n’a pas été prolongé.
Comme nous en avions déjà parlé, la direction a choisi de prendre ces mesures en otage dans le projet d’accord temps de travail pour forcer la main des syndicats. Or, malgré l’arrêt des négociations sur cet accord, ce qui laisse à penser que la direction comptait sur la signature d’une majorité de syndicats, l’accord temps de travail n’a jamais été signé. Paniquée, la direction a proposé aux syndicats un accord prorogeant uniquement la modulation individuelle du forfait jour, fin décembre 2022. Hors de question pour nos dirigeants que les salariés ayant accepté de travailler 214 jours ne repassent à 210 !
Aucun syndicat n’a signé, et il va sans dire que la CGT demande que toutes les dispositions de l’accord emploi/croissance soient maintenue. Halte au chantage social !
Mais pourquoi est-ce qu’ils ont signé ça ?
Si vous lisez nos tracts, vous savez déjà que nous allons changer de convention collective. La Nouvelle Convention Collective Nationale (NCCN) de la métallurgie s’appliquera pleinement en 2024, grâce aux signatures de la CFDT, la CFE-CGC et FO. Nous avons déjà beaucoup parlé des régressions qu’apportera, selon nous, ce nouveau cortège d’accords nationaux. Nous vous avions également fait part de nos espoirs de négociation d’un accord Thales mieux disant sur leur application… Ils ont vite été douchés par la CFDT, la CFE-CGC, et la CFTC !
On ne peut pourtant pas dire qu’ils étaient inactifs durant les négociations. Les 3 syndicats pointaient, comme nous, les écueils d’une classification des emplois pilotée loin du terrain, par la direction du groupe, et l’absence de réel recours pour un salarié qui ne serait pas satisfait de la cotation de son emploi. Qu’importe ! Se sentant certainement déjà engagés par la signature de la convention collective, la CFDT et la CFE-CGC ont signé. Et pour la CFTC ? C’est un mystère… Mais n’hésitez pas à leur poser la question !
Mais pourquoi est-ce qu’ils ont signé ça (bis) ?
Parlons des NAO maintenant ! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles se déroulent dans une opacité troublante. Nous-mêmes, CGT, pourtant « légitimement » représentatifs au niveau SIX depuis novembre dernier, n’avons appris que le 21 décembre dernier, que les négociations avaient commencé depuis plusieurs semaines (1ère réunion de NAO le 29 Novembre 2022 !).
Pourtant, aucune intersyndicale groupe, SIX ou locale pour en discuter. Au niveau groupe, les appels répétés de la CGT n’ont rien donné, et aucune organisation n’a esquissé ne serait-ce qu’un début de concertation. Au niveau local, à Cholet, la CGT a dû solliciter elle-même une intersyndicale pour parler d’une éventuelle mobilisation… Qui ne fut finalement qu’un temps d’information d’une ½ heure seulement, et hors de question de parler d’Assemblée générale, de grève, ou encore d’information syndicale.
Peut-être n’y a-t-il aucune raison de se mobiliser, me direz-vous ? Et pourtant si, de l’aveu de tous les syndicats ! Tous demandaient une enveloppe d’au moins 8,5%, et s’offusquaient de propositions de la direction toutes en-dessous de l’inflation (6,2% en décembre 2022). Pourquoi en parler au passé ? Eh bien lors de la dernière réunion, la direction a proposé de passer à 5,85%, à condition que toutes les organisations présentes signent (CFDT, CFE-CGC, CFTC). Et toutes les organisations ont signé. Le budget reste sous l’inflation, et bien en-dessous de leurs revendications, mais elles ont signé. Sans doute de peur que la direction ne retire sa proposition ? Ou parce que le budget est plus gros que les années précédentes ?
En tous cas, la CGT estime que les salariés n’ont pas été consultés et appelle au débrayage.
Pourquoi accepterions-nous d’être augmentés sous l’inflation ? Nous savons d’ores et déjà que la majorité des contrats de Thales ont été renégociés automatiquement, souvent au-dessus de l’inflation. Quand les résultats seront annoncés, nous apprendrons très certainement que les bénéfices de Thales ont augmenté plus vite que l’inflation, ce qui sera aussi le cas des dividendes !
En pleine mobilisation pour nos retraites, il est impensable de laisser nos salaires stagner, voire diminuer à euro constant. Plus de salaire, c’est plus de cotisations et donc plus d’argent pour nos retraités ! Jeudi 19 Janvier, des millions de salariés ont défilé contre une réforme injuste, alors que les solutions sont simples. Mardi 31 Janvier, mobilisons-nous pour nos retraites mais surtout pour nos salaires !
Et, cerise sur le gâteau, la direction choisit unilatéralement de retirer plus de 2 millions d’euros du budget pour distribuer une Prime de Partage de la Valeur (PPV) aux salariés qui ont gagné moins de 50 000€ l’année dernière. 2 millions d’euros non soumis à cotisations, et qui auraient pu constituer des augmentations de salaire pérennes !
Salariés de Thales, mobilisons-nous. Rejoignez le débrayage CGT :
Lundi 30 Janvier, 11h devant les grilles côté Ferrié.
En tous cas pour nous, vous informer, c’est le minimum syndical.