Les actualités sont toujours aussi denses. Au menu aujourd’hui : la fin de la mobilisation intersyndicale, la fin des négociations pour les minimas des I/C, la persistance du mal-être au travail et le début de nouvelles luttes.
Mobilisation intersyndicale : Endgame.
Il y a maintenant deux semaines, la direction du groupe s’est enfin décidée à proposer un accord de sortie de crise aux organisations syndicales. Après un cafouillage concernant le taux de récupération des heures de grève (20% contre les 50% demandés par les syndicats), la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC l’ont signé. Pas la CGT donc.
Contrairement à ce qu’on peut entendre ici et là, il ne s’agit pas d’une posture dogmatique d’opposition. Nous respectons tout simplement les revendications minimales que nous avions collectivement fixées ainsi que la consultation de nos adhérents et, plus largement, des salariés qui se sont mobilisés.
Force est de constater que nos revendications ne sont pas atteintes. Les 0,3% supplémentaires généreusement proposés par la direction aboutissent à un budget maximal de 3,8% quand l’intersyndicale demandait un budget minimal de 4%. La rétroactivité en Janvier n’est toujours pas rétablie pour 2022, et le taux de « sélectivité » de 12% ne nous garantit pas que les salariés qui ont obtenu 0% l’année dernière seront bien augmentés cette année. Rappelons que l’inflation prévue en Mars dernier pour cette année atteint 4,5%, et surtout que le cout du capital représente 1,3 milliard d’€ (800 millions d’€ de rachat d’action + 500 millions d’€ de dividendes) ! C’est d’autant moins d’investissement dans nos outils, notre qualité de vie au travail, notre nouveau site, et bien sûr nos salaires…
Tout ça pour rien ?
Ne nous résignons pas pour autant ! Déjà, parce que la mobilisation a payé : nous sommes passés de 3% appliqués en Juillet à 3,8% appliqués en Avril. Et surtout, la lutte continue ! Sur le plan judiciaire, la CGT porte une action en justice pour le rétablissement de l’usage de la rétroactivité en Janvier (malgré le risque financier en cas de défaite).
La question de la discrimination des salariés de plus de 33 ans n’est pas réglée non plus, puisque l’inspection du travail continue d’exiger de la direction qu’elle prouve qu’elle n’a rien fait d’illégal. Dans son dernier courrier, la direction se perd en explications, avançant une « sélectivité » menée pour retenir les nouveaux arrivants face au doublement du taux de démissions entre 2020 et 2021. C’est bien la première fois que la direction semble s’alarmer de ce constat, puisqu’elle s’acharne à le minimiser depuis 2018, l’année ou nous sommes passés de 0,4% de taux de démission à 1,3%. Et la question la plus importante : pourquoi un salarié resterait dans une entreprise où, passé 33 ans, il n’est plus augmenté ? Vous avez 4 heures.
Si, comme beaucoup de salariés, vous êtes déçus par le positionnement des syndicats, la solution n’est pas dans la résignation. Bien au contraire : syndiquez-vous. Soit dans un syndicat qui, comme vous, n’a pas voulu signer pour un dérisoire effort de 0,3%, soit dans un autre syndicat, en espérant le transformer par votre action.
Nouvelle grille de minimas pour les Ingénieurs et Cadres : + 3,1%.
Sur le même modèle, la négociation des minimas de salaire des Ingénieurs et Cadres s’est achevée le 18 mars dernier. L’UIMM (patronat de la métallurgie), a proposé 3,1%. Malgré des revendications minimales à 4%, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont signé. Et pour les raisons évoquées ci-dessus, encore pas la CGT, donc.
Indice | 2020 (+5%) | 2021 (-5% +0,7%) | 2022 (+3,1%) |
100 | 39 677 € | 38 053 € | 39 233 € |
108 | 42 852 € | 41 097 € | 42 371 € |
114 | 45 233 € | 43 380 € | 44 725 € |
120 | 47 613 € | 45 663 € | 47 079 € |
125 | 49 597 € | 47 566 € | 49 041 € |
130 | 51 581 € | 49 468 € | 51 002 € |
135 | 53 565 € | 51 371 € | 52 964 € |
180 | 63 179 € | 60 592 € | 62 470 € |
Rappelons-nous que les NAO de 2021 ont, entre autres choses, fait disparaître notre bonus de 5% sur les minimas de la métallurgie. Donc, à moins que vous n’ayez été embauché en 2021 ou que vous changiez d’échelon avant 2024 (année d’application de la nouvelle convention collective), votre salaire ne peut être en dessous de ce nouveau minimum et cette augmentation ne vous touchera pas.
Surcharge, burn-out, isolement, suicide : parlons-en.
En Mars dernier, nous avons tous été choqués par le suicide d’un salarié d’ALTEN qui travaillait aux méthodes. Qu’il soit lié ou non au travail (une enquête est en cours), cet évènement douloureux doit nous interpeller, notamment quant à l’isolement des salariés face à leur mal-être, leur surcharge ou même leurs difficultés personnelles.
Quelle que soit notre proximité avec nos collègues, l’entreprise est un lieu de vie sociale. Nous y passons une grande part de nos vies, et c’est pour beaucoup d’entre nous le seul endroit où nous discutons dans la journée, le seul endroit où nous rencontrons quotidiennement d’autres personnes.
Ces derniers temps, nous avons constaté une explosion des dépassements de temps de présence sur site. Deux fois plus de journées de plus de 10H sont effectuées chaque mois par les salariés de Thales par rapport à l’année dernière (voir ci-contre). Pourtant, force est de constater que les effectifs n’ont pas doublé. Bien au contraire, le DRH de TSGF, Pierre-Henri Haran, a admis même notre difficulté à recruter en lançant un grand « Challenge de cooptation ». En attendant les nouveaux venus, les prises de commandes continuent d’augmenter, et la charge doit être assumée par les salariés présents.
Depuis l’année dernière, la direction a choisi de faire disparaître la statistique du nombre de jours d’arrêt maladies alloués à des arrêts de plus de 3 mois, dont l’augmentation fulgurante sur le bilan social de 2019 nous avait alertés quant au nombre de burn-outs. De plus en plus de témoignages d’arrêts maladie pour surmenage nous parviennent et nous touchent jusque dans les rangs des mandatés syndicaux.
Si vous avez des troubles du sommeil, que vous pleurez en vous levant le matin, en prenant votre douche, si vous êtes angoissé avant ou pendant vos journées de travail : parlez-en. Il est souvent difficile d’en parler à des collègues de votre équipe ou à votre hiérarchie alors n’hésitez pas à en parler à un médecin à notre assistante sociale (Emmanuelle Le Merrer) ou encore à un délégué syndical (voir dans les panneaux syndicaux).
Nous reviendrons vers vous pour vous parler de la future convention collective signée par la CFDT, FO et la CFE-CGC qui s’appliquera dès 2024. D’ici là, ne vous résignez pas et n’hésitez pas à nous contacter. La lutte continue !